Un prolongement tactile du système nerveux

Les ondes Martenot

Les ondes Martenot

Aujourd’hui, les ondes Martenot ont conquis leur place dans le monde, non seulement de la grande musique, mais aussi de la musique populaire puisqu’on les retrouve dans les arrangements musicaux de nombreux disques, depuis Jacques Brel jusqu’à Yves Lambert, en passant par Michel Rivard, Harmonium, Beau Dommage. De plus en plus d’artistes découvrent les caractéristiques et qualités de cet instrument unique. Ces qualités toutefois, ce sont les interprètes, encore rares, qui les connaissent le mieux. C’est sur eux que reposent actuellement la diffusion et même le développement technique des ondes Martenot dont le rodage, depuis plus de 70 ans, n’est pas terminé. Les ondistes explorent l’instrument et n’ont pas fini d’en découvrir toutes les ressources car les ondes musicales paraissent avoir avec la sensibilité humaine, une affinité toute particulière. À ce sujet, Jean Laurendeau, biographe de Maurice Martenot, ondiste et grand interprète lui-même, dit qu’elles constituent pour celui qui en joue, un véritable prolongement tactile et sonore de son système nerveux.

Cette description est tout à fait juste. Quiconque voit l’ondiste à l’oeuvre, vibrant pour ainsi dire avec son instrument, peut le vérifier. Et si ce spectateur-auditeur s’approchait, il comprendrait le secret de cette magie sonore si envoûtante et expressive. Il découvrirait un clavier monodique mobile qui permet un vibrato qu’on peut contrôler naturellement comme celui d’un violon, un jeu à la bague donnant aux effets de glissandi une âme véritable, et une touche d’intensité permettant les nuances les plus subtiles, ou les plus extrêmes, toutes les articulations et tous les modes d’attaque désirables.

Le tiroir

Le tiroir

Le tiroir

Il découvrirait en outre un instrument qui offre un jeu de timbres comportant une grande richesse de sonorités. Dans ce jeu, le timbre électronique « pur », qui émane d’une membrane de diffuseur, est le son de base, celui qui est utilisé le plus souvent. S’y ajoutent trois autres timbres fondamentaux résultant de la mise en résonance par l’électricité d’éléments vibratoires non électroniques. Ce sont les cordes tendues de la palme, le gong, les ressorts. Ces trois éléments complémentaires sont mis en vibration par des moteurs de diffuseurs. Certains ondistes emploient aussi une réverbération électronique et un haut parleur standard de haute qualité.

Ajoutons qu’il s’agit d’un instrument monodique, comme la voix humaine ou la flûte. Sa tessiture de sept octaves lui permet d’aller sans interruption, du registre de la contrebasse à celui du piccolo. C’est un instrument de musique qui se joue en temps réel, c’est-à-dire exigeant la présence continue d’un interprète, comme pour le violoncelle ou la clarinette.

Les ondes Martenot sont enseignées en France dans plusieurs villes et on les a enseignées au Québec pendant 29 ans, de 1968 à 1997, aux Conservatoires de Québec et de Montréal. Malheureusement, des coupures budgétaires regrettables ont supprimé chez nous (temporairement, espérons-le) cet enseignement dont la qualité avait pourtant contribué énormément à la diffusion d’un instrument hors du commun, mettant en ce domaine le Québec à l’avant-garde, puisque les ondes Martenot ne sont enseignées nulle part ailleurs en Amérique. À défaut de support institutionnel, c’est aux interprètes plus que jamais, qu’il incombe de faire connaître et aimer les ondes Martenot.

Le diffuseur métallic

Le diffuseur métallic

La palme

La palme

Le diffuseur principal

Le diffuseur principal

maurice-martenot-luthier-de-l-electronique

Pour une information complète sur les ondes Martenot et leur inventeur, on se reportera à l’ouvrage essentiel de Jean Laurendeau, Maurice Martenot, luthier de l ’électronique, 1990 (2892391067).